PORTRAIT 6
Gopal Bahadur Thapa Magar
& Laxmi Kumari Chaudhary
Apprendre à travailler en collaboration
Karuna-Shechen ne se contente pas d’apporter des ressources, les équipes collaborent étroitement avec le gouvernement local et écoutent véritablement la communauté. Je considère aujourd’hui Karuna comme un partenaire engagé et sincère, dont les actions parlent plus fort que les mots.
Laxmi Kumari Chaudhary
Depuis 2022, Karuna-Shechen travaille avec la municipalité de Bijaynagar, dans le sud du Népal. Aux côtés de Gopal Bahadur Thapa Magar, maire déterminé à consolider le développement social et infrastructurel de la municipalité, et de Laxmi Kumari Chaudhary, adjointe passionnée par l’éducation et l’inclusion, cette coopération incarne une vision partagée de progrès et de solidarité. Elle a déjà permis d’améliorer significativement l’accès aux soins maternels, de moderniser les écoles locales et d’optimiser la distribution d’eau potable.
Aadhar Babu Khatiwada, membre de l’équipe de la communication au Népal, a pu s’entretenir avec Gopal et Laxmi pour discuter de la portée et les défis de leur collaboration avec Karuna-Shechen.
Bonjour ! Pouvez-vous vous présenter et nous parler un peu de votre parcours jusqu'à votre poste actuel ?
Gopal : Namaste. Je m'appelle Gopal Bahadur Thapa Magar et je suis actuellement maire de la municipalité de Bijaynagar. J'en suis à mon deuxième mandat. Avant d’entrer en politique, j’étais très engagé dans le travail social, consacrant mon temps et mon énergie à l'amélioration de ma communauté. C’est à cette époque que, lorsqu’on a annoncé les élections locales, j’ai décidé de me porter candidat et j’ai eu la chance d’être élu par les habitants.
Laxmi : Namaste. Je suis Laxmi Kumari Chaudhary, adjointe au maire de la municipalité de Bijaynagar. Je viens d’une famille à faible revenu, et depuis mon plus jeune âge, je rêvais de devenir enseignante. Après avoir terminé mon année de seconde, j’ai commencé à travailler avec une ONG axée sur les droits et le bien-être de la communauté Tharu, à laquelle j’appartiens. En poursuivant mes études dans le domaine de l’éducation, je me suis engagée dans la construction d’une école dans ma propre communauté — un projet qui me tient toujours profondément à cœur. J’ai quitté l’enseignement pour entrer dans le service public. Aujourd’hui, je suis fière d’exercer mon deuxième mandat d’adjointe au maire.
Qu’est-ce qui vous a respectivement poussé à vous engager en politique locale ?
Gopal : Mon père a été ma plus grande source d’inspiration. Il était à la tête du Comité de Développement du Village et s’est toujours dévoué au bien-être de notre communauté. Le voir diriger et élever notre village avec un tel sens des responsabilités m’a profondément marqué. L’environnement dans lequel j’ai grandi a forgé mes valeurs et mon désir de redonner à la société par la suite.
Laxmi : Lorsque le système de gouvernement local a été mis en place au Népal, j’ai pris le temps de m’y intéresser et de comprendre sa structure et son potentiel. J’ai été inspirée par l’importance qu’il accordait aux droits et au bien-être des citoyens à l’échelle locale. Le fait que les ressources et les budgets soient désormais directement alloués aux besoins des habitants, en particulier les plus vulnérables, m’a profondément touchée. J’y ai vu une réelle opportunité de servir et de transformer des vies, et j’ai senti l’élan d’y contribuer activement.
Comment décririez-vous la situation actuelle de votre municipalité et les principaux défis auxquels elle fait face ?
Laxmi : Si nous comparons l’état actuel de notre municipalité à celui d’il y a quelques années, les améliorations sont évidentes — en particulier en termes de conditions et de qualité de vie. Cependant, nous ne sommes pas encore au niveau auquel nous aspirons.
Gopal : Des secteurs clés comme l’éducation, la santé et le développement social au sens large nécessitent une attention et des efforts continus. Nous avançons pas à pas, avec l’espoir qu’un travail soutenu nous permettra d’atteindre nos objectifs.
Pouvez-vous nous dire comment a commencé votre collaboration avec Karuna-Shechen ?
Gopal : Tout a commencé il y a trois ans, lorsque les équipes de Karuna-Shechen sont venues à Kapilvastu pour identifier un lieu propice à leurs projets. Nous avons eu des échanges au cours desquels ils ont expliqué leur objectif de travailler avec une municipalité encore peu développée et en besoin de soutien. C’est ainsi qu’ils ont choisi Bijaynagar. Ils nous ont présenté leur vision et leur volonté de renforcer les structures locales avec nous. Leur démarche était claire : ils étaient là pour soutenir nos institutions. Nous avons trouvé que leur mission répondait à nos besoins, et nous avons décidé d’avancer ensemble. Cela s’est avéré être une collaboration très positive.
Comment décririez-vous votre relation actuelle avec Karuna-Shechen ?
Gopal : Notre relation avec Karuna-Shechen est très solide et coopérative. Ils interviennent dans plusieurs domaines essentiels : santé, éducation, agriculture, irrigation, eau potable et gestion des déchets. Leur soutien dans ces domaines a été déterminant pour répondre aux besoins de notre municipalité.
Cet engagement commun en faveur du développement a permis de bâtir un partenariat étroit et fructueux. Nous travaillons main dans la main, et cette collaboration ne cesse de se renforcer.
Gopal Bahadur Thapa Magar
Quel projet vous semble avoir eu le plus grand impact sur la population locale ?
Laxmi : Pour moi, c’est dans les domaines de l’éducation et de la santé que l’impact a été le plus fort. Les politiques gouvernementales encouragent l’éducation des enfants, mais cela ne suffit pas. Ce qui importe, c’est de créer un environnement scolaire où les enfants ont envie d’aller — avec des infrastructures adéquates, une atmosphère accueillante, et une dignité dans l’apprentissage. Karuna-Shechen nous a soutenus dans cette transformation, et aujourd’hui, les enfants sont heureux d’aller à l’école.
Concernant la santé, bien que nous disposions de budgets, nous rencontrions des difficultés à les traduire en actions concrètes. Karuna-Shechen a été un véritable partenaire : ils nous ont aidé à mobiliser des ressources, à renforcer notre système de santé, et à fournir les équipements essentiels. Une amélioration marquante concerne la santé maternelle. Grâce à leur soutien, nous avons désormais des espaces réservés où les femmes enceintes peuvent attendre et recevoir des soins dans de bonnes conditions. La construction de toilettes dans toute la communauté a également été un projet important. Cela a non seulement amélioré l’hygiène, mais aussi la dignité et la santé du village entier.
Pouvez-vous partager un témoignage marquant ou des retours récents de la population locale sur les actions menées avec Karuna-Shechen ?
Laxmi : Nous recevons des témoignages très positifs de la part des habitants. Par exemple, un agriculteur nous a confié à quel point la qualité des semences fournies par Karuna-Shechen avait transformé ses récoltes et ravivé sa motivation à cultiver sa terre.
Gopal : De manière plus globale, dans chaque quartier concerné par leurs projets — santé, éducation, eau potable, infrastructures scolaires — les habitants constatent une amélioration concrète de leur quotidien : un accès facilité aux services et une amélioration globale de leurs conditions de vie.
Cette collaboration a-t-elle changé votre perception du travail des ONG dans la région ?
Gopal : Par le passé, de nombreuses ONG opéraient sur de courtes durées, parfois un an seulement, avec des initiatives qui ne laissaient pas de traces durables. Cela créait un décalage entre les attentes de la population et les résultats concrets. Ce qui manquait, c’était la continuité. Mais Karuna-Shechen a adopté une autre approche. Leur présence durable, leur volonté de travailler dans la durée et de s’investir dans des domaines clés ont changé notre vision. Cela nous a montré qu’avec de la constance et une vraie coopération, les ONG peuvent réellement transformer la société de manière pérenne.
Laxmi : Ce que j’apprécie le plus, c’est leur approche : rien n’est fait de manière isolée. Chaque étape est coordonnée avec le gouvernement local. Ce n’est pas juste un partenariat sur le papier ; c’est un véritable travail commun, avec des plans alignés et une mise en œuvre fluide.
Comment envisagez-vous l’évolution de cette coopération à l’avenir ?
Gopal : Je suis convaincu que cette coopération s’inscrira dans la durée — elle est non seulement durable, mais aussi extrêmement bénéfique. Les initiatives de Karuna-Shechen ont déjà engendré des changements profonds dans notre société : des agriculteurs aux enseignants, en passant par les professionnels de la santé, tous ont vu leur quotidien transformé. Cette collaboration a posé des bases solides, et nous souhaitons continuer à la renforcer et à l’élargir. Nous sommes prêts à accueillir de nouveaux projets qui continueront à élever notre communauté.
Laxmi : La vision que nous partageons avec Karuna-Shechen est à long terme, ancrée dans un développement durable et non dans des solutions rapides. Pour moi, ce partenariat est en train de devenir un modèle de coopération entre ONG et gouvernements locaux pour construire un avenir meilleur.
Quels conseils donneriez-vous aux autres autorités locales qui souhaiteraient collaborer avec des ONG comme Karuna-Shechen ?
Gopal : De nombreuses ONG sont actives dans divers secteurs au Népal. Mon conseil serait : ne vous limitez pas à des actions ponctuelles et isolées. Regardez la vision globale, le potentiel de transformation à long terme qu’une ONG peut apporter. En les considérant comme de vrais partenaires du développement -et non simplement comme des exécutants de projets- la collaboration prend tout son sens. Travailler ensemble à un niveau stratégique et coordonné permet de renforcer la gouvernance locale et d’obtenir des résultats concrets pour la population.
Laxmi : Mon conseil est simple : travaillons ensemble. Ce type de collaboration permet un développement réel et inclusif, qui atteint chaque recoin de la société.
